AFTER HOURS VOL 5 / IRA SULLIVAN



(Go Jazz / 60522)
Ira Sullivan - tenor saxophone & soprano  /  Bill Carrothers & Bobby Peterson - piano  /  Billy Peterson - bass  /  Kenny Horst - drums
Enregistrement réalisé au « A » room Minneapolis le 13 mai 1996 et les 11 et 12 juin 1998


Ira sullivan  ; voila un étonnant prodige tout à la fois trompettiste, bugliste, saxophoniste, flûtiste et percussioniste...
Cet américain originaire de Chicago (il émigrera par la suite en Floride...) étudie la trompette avec son père et le saxophone avec sa mère. Il jouera dans son adolescence avec les Sonny Stitt, Charlie Parker, Roy Eldridge et bien d’autres...


Lorsque’il décide de s’installer à Miami, il participera à de nombreux groupes, notamment le Baker’s dozen pour lequel le jeune Jaco Pastorius écrit des arrangements...


Sur ce disque c’est au saxophone qu’on le (re)trouve et plus particulièrement au soprano. Son approche du saxophone porte l’empreinte des évolutions successives de l’instrument, de Lester Young à Coltrane en passant par Bird et Rollins.


Après ce petit résumé de cet incroyable musicien (je pèse mes mots...), je dois avouer que j’ai eu un vrai coup de coeur pour ce disque. 
Bien évidemment la musique ; la tradition bien sûr mais avec une équipe tout à fait remarquable quand à la justesse des interactions. 
Les standards sont traités avec créativité, souplesse mais conscience des tempos - il faut souligner le travail précis du batteur Kenny Horst - qui sait varier son drive suivant l’esthétique, et l’exécution des morceaux. 

Tout se passe dans l’écoute de chacun et le respect élastique de la grille d’accords et du format rythmique ( maniement aisé pour le moins des équivalences et des polyrythmes et mesures rajoutées si « quelques chose se passe » sur les pédales harmoniques... ), un régal.

Ensuite le son de chacun est somptueux ( écouter notamment Con Alma ) 

Ici et là, Ira Sullivan se place au dessus d’une rythmique irréprochable avec la « félinité » que personnellement j’aime à entendre lorsqu’un groupe - car c’est ici vraiment ce dont il est question - se surprend d’une part à avoir du plaisir lorsqu’il enregistre (ça n’est pas une évidence, loin s’en faut ! ) et d’autre part à posséder une forme particulière d’intelligence (intuitive ou inconsciente ) quand à la manière de traiter les pièces musicales choisies... L’exemple de Dear Old Stockolm en est une parfaite démonstration, toute en subtilité et en couleur ; il faut d’ailleurs souligner ici le travail harmonique du magnifique Bill Carrothers , pianiste d’exception qui colore et décore finement à l’intérieur du cadre formel, incontournable et « magnifique prison » du standard de 32 mesures (et plus parfois... ici fréquemment..).

Les compositions du leader ne font pas défaut. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter Monday’s Dance et Ira’s Blues sur lequel le saxophoniste fait preuve d’un lyrisme sensible allié à une remarquable articulation.

À savourer sans modération.


Article mis en ligne le 3 décembre 2009 par Hervé Villeret